Charles Baudelaire |
Le double - Le double à l'interieur de soi - La partie dévoilée
Charles Baudelaire est né à Paris le 9 Avril 1821 et mort le 31 Août 1867. Célèbre poète romantique mais intéressé par le Parnasse, le classicisme et le symbolisme, c'est un poète moderne du XIX ème siècle. Il a écrit le recueil Les fleurs du mal.Ce recueil, traitant du mal et de la beauté, du bonheur et de l'idéal inaccessible, il y écrit aussi la violence et la volupté, la mélancolie, l'envie d'ailleurs ainsi que la beauté de l'horreur. «L 'Héautontimorouménos» est le quatre vingt troisième poème du recueil s'incluant dans la partie « Spleen et Idéal », il à été écrit en 1868.
L'héautontimorouménos
A J. G. F
Je te frapperai sans colère
Et sans haine, comme un boucher,
Comme Moïse le rocher !
Et je ferai de ta paupière,
Pour abreuver mon Saharah,
Jaillir les eaux de la souffrance.
Mon désir gonflé d'espérance
Sur tes pleurs salés nagera
Comme un vaisseau qui prend le large,
Et dans mon coeur qu'ils soûleront
Tes chers sanglots retentiront
Comme un tambour qui bat la charge !
Ne suis-je pas un faux accord
Dans la divine symphonie,
Grâce à la vorace Ironie
Qui me secoue et qui me mord ?
Elle est dans ma voix, la criarde !
C'est tout mon sang, ce poison noir !
Je suis le sinistre miroir
Où la mégère se regarde.
Je suis la plaie et le couteau !
Je suis le soufflet et la joue !
Je suis les membres et la roue,
Et la victime et le bourreau !
Je suis de mon coeur le vampire,
- Un de ces grands abandonnés
Au rire éternel condamnés,
Et qui ne peuvent plus sourire !
Jean-Louis Murat duo avec Morgane Imbeaud - L'Héautontimorouménos
Je te frapperai sans colère
Et sans haine, comme un boucher,
Comme Moïse le rocher !
Et je ferai de ta paupière,
Pour abreuver mon Saharah,
Jaillir les eaux de la souffrance.
Mon désir gonflé d'espérance
Sur tes pleurs salés nagera
Comme un vaisseau qui prend le large,
Et dans mon coeur qu'ils soûleront
Tes chers sanglots retentiront
Comme un tambour qui bat la charge !
Ne suis-je pas un faux accord
Dans la divine symphonie,
Grâce à la vorace Ironie
Qui me secoue et qui me mord ?
Elle est dans ma voix, la criarde !
C'est tout mon sang, ce poison noir !
Je suis le sinistre miroir
Où la mégère se regarde.
Je suis la plaie et le couteau !
Je suis le soufflet et la joue !
Je suis les membres et la roue,
Et la victime et le bourreau !
Je suis de mon coeur le vampire,
- Un de ces grands abandonnés
Au rire éternel condamnés,
Et qui ne peuvent plus sourire !
Dans ce poème,
Baudelaire décrit ses sentiments personnels. Il a choisit ce nom en
référence à la pièce de théâtre de Térence, «
l'Héautontomorouménos » signifiant en Grec « le bourreau de soi
même. » Le narrateur de ce poète est à la fois celui qui se fait
violence et la victime. Il y a donc ici une sorte de dualité qu'il
ne peut empêcher. Le poème est composé de sept quatrains que l'on
peut diviser en deux parties : Les trois premiers quatrains relatent
de la victime et de sa souffrance «Tes chers sanglots retentiront »,
alors que dans les quatre derniers nous remarquons une sorte de
fusion du poète et du bourreau en une sorte de personnification
«C'est tout mon sang, ce poison noir ! » Nous pouvons considérer
ce poème comme une sorte de confession de la part de Baudelaire, il
nous dit qu'il va s'auto-détruire car le poème est écrit au futur
dans les trois premiers quatrains « je te frapperai » et qu'il
attend ce moment sans essayer d'y remédier, notons ici une sorte de
fatalité qui le touche. Par ce biais, Baudelaire révèle aux
lecteurs la partie caché de lui même, qu'il n'a pas encore exprimé
mais qu'il s'apprête à le faire.